Contexte d'APH Asylum

Il fait beau dehors. Les oiseaux chantent, les fleurs éclosent… Les jours comme celui-là, les gens comme toi…

Sont internés.

Tu contemples ce qui est sans doute le dernier rayon de lumière naturelle que tu verras jusqu’à ta libération - si elle vient un jour.

Tu inspires l’air frais, comme pour en garder un échantillon pour les années à venir dans ce trou à rat qui sent le formol, la pisse et la mort. Tu te demandes comment ta vie a pu prendre un tournant aussi drastique alors qu’hier encore, tu te mêlais à la foule, marchant dans l’ombre et l’anonymat le plus total. Ici, ce sera pire ; tu sais que tu vas perdre le peu d’identité que la société a bien voulu te donner et bientôt tu ne seras plus qu’un numéro dans une cellule.

Peut-être es-tu ici parce que tu es coupable. Coupable de meurtres, de vols, de crimes aussi inhumains que la braise qui t’anime lorsque tu les perpètres, mais jugé fou, ou plutôt mentalement déficient comme le stipule ton dossier, ta vie est sauve. Mais est-ce vraiment vivre qu’être enfermé entre quatre murs dans la terreur permanente du courroux de la mère supérieure ou des expérimentations mortelles du “médecin” de l’asile ?

Ou alors peut-être es-tu ici parce que tu es différente et que tu ne sais pas encore gérer ce qui fait de toi une paria. Mais ne t’inquiète pas ; ici tout le monde est au même niveau, c’est-à-dire plus bas que terre, et l’équipe médicale de l’asile saura réfréner tout débordement inopiné de tes dons.

Alors que les lourdes portes de l’endroit se referment derrière toi, tu accroches désespérément du regard cette journée ensoleillée de 1952 ; bientôt les nonnes qui gèrent l’endroit s’affairent autour de toi ; et malgré leurs icônes religieuses, tu sais très bien que tu as mis les pieds en Enfer, et que personne n’en ressort jamais.

Registre de l’asile St. Dymphna, patient Invité, dossier n°535, première entrée...