1952. L'asile de St. Dymphna accueille de nombreux patients, meurtriers, malades ou même sorcières de toutes origines. Et vous, pourquoi êtes-vous ici ?
Memory is more often a curse than a blessing | Catalina
Invité
Invité
Jeu 14 Avr - 0:07
Présentation
Est-ce folie de vouloir de meilleures hallucinations ?
Identité
Nom(s)
Gómez
Prénom(s)
Catalina
Date/lieu de naissance
20/07/1930 à Bogota, Colombie
Sexe
F
Ethnicité
Sud-Américaine
Cheveux
Bruns
Yeux
Marrons
Taille
1m69
Poids
54kg
Dossier médical
Diagnostic psychiatrique
Agressions envers d’autres personnes, trouble de stress post-traumatique, hystérie, anxiété
Autres pathologies
/
Précautions de traitement
Doit parfois être maintenue
Arrivée à St. Dymphna
"-Nous te confions la nouvelle patiente. Comme il s'agit de ta première prise en charge ici, tâche de faire correctement ton travail. -O-Oui ! Que Dieu nous guide ! -Que Dieu nous guide."
Elles s'échangèrent un regard. La vétérane adressa à la jeunette un signe de croix que cette dernière lui rendit aussitôt, souriante. La vieille religieuse jeta un œil à ses papiers, et releva les yeux vers son apprentie qui s'étonna de voir une expression perplexe peindre soudainement le visage de sa Sœur.
"La nouvelle internée fait souvent preuve de violence, d'après ses papiers. Si la séance dégénère, tu sais quoi faire."
Sans lui laisser le temps de répondre, la plus âgée quitta la pièce éclairée d'une faible lumière sans préavis. La nonne attendit alors, les mains jointes sur sa robe d'un noir laqué, l'arrivée de la prétendue patiente. Doucement, la porte s'ouvrit : la religieuse arbora un sourire doux pour accueillir comme il se devait la souffrante; cette dernière, dont le poignet était fermement tenu par une autre Fille de Dieu, ne prit pas la peine de lever la tête pour contempler la bonne sœur qui allait s'occuper de son cas. En l'invitant à s'asseoir, elle parut quelques instants surprise en remarquant qu'elle ne bougeait pas, comme si elle attendait sagement qu'on vienne la chercher. D'une gentillesse maladroite, elle saisit délicatement ses mains et conduit la malade jusqu'à la chaise qui lui était attribuée. Dès que ce fut fait, la religieuse adressa un regard à la camarade qui lui avait confié la jeune femme, pour lui faire comprendre qu'elle pouvait les laisser. Toujours aussi souriante, elle examina le dossier de la demoiselle qu'elle prenait en charge.
"-Bienvenue à l'asile St Dymphna. Vous êtes .. Catalina Gómez, c'est bien cela ? -..."
Un faible et lent hochement de tête suffit à la petite nouvelle pour comprendre qu'elle ne se trompait pas sur la prononciation du nom. Elle souhaita tout de même vérifier si sa mémoire n'était pas encore périmée.
"-Pouvez-vous me dire votre date de naissance, s'il vous plaît ? -... 20 juillet 1928.. -...1928 ? Ce n'est pas ce qui est écrit sur votre dossier ... -... 1930.. Je crois."
C'était là tout ce qu'elle savait de l'internée en face d'elle. Catalina leva enfin la tête pour voir à qui elle avait affaire.. Une nonne pâle et aux yeux d'un joli bleu céleste. Elle n'en tint pas compte, contrairement à la blafarde qui contemplait d'un air curieux l'apparence de son interlocutrice. Sa peau était basanée, marqué de quelques blessures superficielles que le temps n'avait pas effacé. On l'avait obligée à se revêtir d'une robe blanche et courte, comme celle que portaient les fous internés sur les illustrations. On ne pouvait plus se mentir, Catalina était devenue l'une d'entre eux. Une folle parmi d'autres.
La faible épaisseur du tissu laissait se tracer une poitrine un peu plus généreuse que la moyenne, sans pour autant être dans l'excès. La religieuse examina du regard les lèvres de la jeune femme avant de se concentrer sur ses yeux vides, mais pourtant décorés de la couleur du chocolat qu'elle affectionnait tant étant enfant. Ses longs cheveux ondulés n'étaient pas coiffés, mais les boucles qui s'échappaient de sa tignasse lui cédaient une crinière plus ou moins ravissante, et le bandeau coloré noué sur son front attira quelques instants l'attention de l'enfant de Dieu. Mais, se reprenant, ses yeux rivèrent sur le mystérieux dossier. Le reste était vide, et c'était désormais à la Chrétienne de remplir tout cela.
"-Catalina, pourquoi êtes-vous ici ? Connaissez-vous les raisons de votre venue à St Dymphna ? -... Je, euh .."
Elle tenait d'aligner quelques mots. Pour l'aider, la nonne articula :
"Où êtes-vous née ?"
Brusquement, Catalina prit ses aises sur son fauteuil et fixa la Sœur, comme si cette question l'avait piquée, réveillée.
"Je suis née à Bogota, en Colombie. J'ai grandi là-bas. Avec ma famille."
La nonne remplissait la feuille au fur et à mesures des paroles de Catalina, peinant tout de même à suivre car elle allait trop vite.
"-Vous aviez une sœur ? Un frère ? -Un frère. Miguel. Il n'est plus là. -... -Il est mort."
Aucune réponse. Elle poursuivit.
"Mes parents sont morts aussi. À cause de La Violencia. C'était... un conflit survenu dans mon pays .. Il y avait des incendies .. des vols, des morts.. Et.."
Un silence presque inquiétant plana dans la pièce. La nonne déglutît, prise de pitié pour Catalina.
"-Des émeutiers prenaient les premières personnes qui leur tombaient sous la main. Tu imagines, toi ? Tu passes dans les rues et des inconnus couverts de sang et armés se ruent sur ton père pendant que ta mère tente en vain de t'éloigner d'eux.. -... Notre Père à nous ici, c'est Dieu. -Pff..."
Catalina adopta un sourire étrange qui fit tressaillir la nonne. Elle balança distraitement sa tête en arrière, comme amusée.
"C'est des conneries, tout ça. J'crois plus à ces choses depuis un petit moment."
La jeune religieuse commençait à perdre patience. Si bien qu'elle fronça les sourcils en réalisant qu'elle avait assez été gentille.
"-Eh bien, continuez. -Tu t'attends à quoi ? Imagine ton vrai père se faire planter un nombre incalculable de fois devant tes yeux de fille qui vient de quitter l'adolescence. Du sang, du sang, encore du sang. Et ta mère se prend une balle perdue, tu ne la vois pas souffrir, mais quand tu te tournes, elle est au sol, inerte. Et ton frère..."
Catalina peinait à continuer. Ses bras se posèrent sur la table, tremblants. Comme ses mots, d'ailleurs.
"-Et ... ? -Et imagine ton frère qui se fait frapper jusqu'à crever sans pouvoir se défendre. Et toi tu es là au milieu de tout ça, sans savoir quoi faire. -Après ça ? .. -... Je me suis enfuie. Peu de temps après ça on a dit que j'avais des problèmes.. -Des problèmes ? -... Des choses mentales. Je ne dormais plus... si je me souviens bien. Pas longtemps après, on m'a internée pendant deux ans. Il sont morts par ma faute, je n'ai rien pu faire.. -On m'a parlé de ça. Vous faisiez des crises d'hystérie et, malgré les thérapies, vous êtes toujours violente.."
Catalina se tut, les yeux écarquillés et plantés sur le sol froid et blanc de la salle. La nonne, inquiète, posa une main rassurante sur son bras pour la ramener à la réalité. Mais l'effet fut inverse : la Colombienne tourna vivement la tête pour toiser celle en face d'elle et se leva précipitamment, la chaise sur laquelle elle était assise tomba à la renverse dans un grand bruit qui résonna au sein des murs.
"Ábrase, ábrase !!*"
De ses mains devenues agressives, elle attrapa le bras de la moniale et y planta ses dents sauvagement, espérant être relâchée. Entendant sa détresse, quelques unes de ses sœurs firent irruption dans la pièce et éloignèrent Catalina de sa victime, liant ses poings et la bâillonnant. Les cris étouffés de la Sud-Américaine effrayaient la croyante novice qui massa inlassablement son bras pour faire dissiper la douleur qu'elle ressentait. Une de leurs supérieures entra à son tour et ne fut pas surprise de voir la latina maintenue fermement. Avec sérieux et le plus grand des calmes, elle échangea un regard avec l'agitée.
"Vous avez l'air bien, mais les apparences sont trompeuses. Je sais que vous êtes instable et violente.. Je ne suis pas surprise de voir que vous êtes à nouveau internée dans un asile .. Allons, ces jours sous surveillance vous feront du bien. Mes Sœurs, conduisez-la à sa chambre."
Contrainte de mettre fin à l'entretien, Catalina jeta un dernier regard haineux à la jeune fille apprentie. Son arrivée dans cet asile avait bien été mouvementée ...