Sur le fumier, il peut y avoir des fleurs.

La femme de sa vie, si on peut dire. Depuis sa plus tendre enfance, il est collé aux basques de la jeune demoiselle aux airs de poupée corolle. Si c'était purement innocent, à peine était-il pubère que des mains ont commencé à se balader en dessous de la ceinture. Il n'a jamais su lui dire non, et a découvert les plaisirs de la chair avec celle qu'il appelait encore grande soeur. Même si ce surnom est tombé en désuétude, leur relation physique a perduré jusqu'à leur internement. Le climat de l'asile a eut de mauvaises répercussions sur la libido de Þórbjörn, déjà bien moins élevée que celle de Siri. Mais elle reste la seule à qui soit encore attaché, et qu'il ait envie de voir sourire. Il aimerait pouvoir remanger une de ses tartes, et lui montrer un de ses plus beaux chefs d'oeuvre.

Le peu d'interactions que ces deux-là ont eu n'avait pas suffit à Þórbjörn pour se faire une idée précise sur quoi penser de l'Anglais. La réponse à cette question est venue très récemment, quand il l'a surpris en train d'étrangler Siri. C'était impardonnable, et la colère l'entraîna à lui rendre la pareille. Oeil pour oeil, meurtre pour meurtre ?

C'est la première fois que Þórbjörn rencontre quelqu'un d'aussi préjudicié que Luciana. Son aversion des hommes lui semble tout à fait ridicule, et il est loin d'être effrayé par ses menaces. L'avoir vue manger un homme ne l'a pas plus effrayé. Par contre ses blasphèmes l'ont agacé.

La première fois qu'il a rencontré cet homme, il était en train de mourir de ses blessures. Comme première rencontre on fait mieux, n'est-ce pas ? S'il a eu pitié de lui, il l'a trouvé ensuite sympathique, et a même été heureux pour lui, de voir des fiançailles dans un tel endroit. Mais sa façon de lui faire la morale l'a un peu fait reculer des quatre fers, et il ne veut pas se confronter de nouveau à lui.

Marlene avait l'air d'une pauvre femme éplorée par la mort de celui qu'elle aime. Et elle l'était sûrement, Þórbjörn ne doutait pas de ce point, et ne souhaitait à personne de se retrouver dans la même situation qu'elle. Il voyait d'un bon oeil qu'elle se rapproche de Siri, sa grande soeur ayant besoin de sociabiliser. Cependant son jugement, elle peut se le garder, et il ne veut plus en entendre parler.

On aurait pu croire que toutes les nonnes étaient d'immondes mégères mal baisées. Ce n'est apparemment pas le cas de Leah, qui a su faire preuve d'humanité alors même que Þórbjörn ne le méritait pas. Il tâchera de se souvenir qu'il a déjà abusé de sa gentillesse et fera attention à ne pas recommencer.